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Libération

L'Ange de l'épaule droite.

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publié le 24 janvier 2005 à 23h58

Que voit-on dans ce village du Tadjikistan que l'on voit dans ce film (2002) à la fois beau et pénible, de Djamshed Usmonov ? Des hommes au degré zéro de toute culture, de toute tradition, de toute bienséance. En se retirant des contrées lointaines que la distance ne protégea de rien, la chape communiste ne laissa-t-elle que des ruines et des bêtes ? Revenant chez lui après dix ans de larcins à Moscou, Hamro (Maruf Pulodzoda) trouve sa mère mourante, un fils dont il ignorait l'existence et un paquet de créanciers qui l'attendent de pied ferme. Hamro est tellement méchant, sot, violent et désagréable, qu'on a du mal à le plaindre quand il se fait casser collectivement la figure. Pas de lézard, le film ne réclame aucune compassion, se tenant virilement en deçà de toute émotion. Mal aimable jusqu'au bout, il assume sans regret d'être aussi antipathique que son héros. On pourrait quand même trouver à Hamro une fierté, une intransigeance animale, mais ce serait encore trop romantique, trop chochotte. Dans ces sociétés malmenées, dont les traditions abîmées ne sont même pas remplacées par quelques avantages de la modernité, il ne reste que le pire, ce que la culture habituellement se charge d'habiller : une violence sans limites dans les rapports humains, avec femmes et enfants en bas de la pyramide des privations et des humiliations. L'Ange de l'épaule droite (celui qui note les bonnes actions) appartient à ce qu'on pourrait appeler le cinéma des confins, en provenance de pays ou