Ce soir, s'achève donc l'immersion en quatre épisodes au coeur de la «violence ordinaire». Le journaliste Christophe Nick, à l'origine de cette série documentaire, initiateur du mouvement Stop la violence, et les trois réalisateurs Patricia Bodet, David Carr-Brown et Pierre Bourgeois ont construit un ensemble passionnant et sombre quant à l'avenir de ces quartiers et de leurs habitants.
Les Mauvais Garçons, le dernier volet, diffusé ce soir, a écopé du rôle ingrat consistant à expliquer tout ce que nous avons vu précédemment. Comment et pourquoi ces quartiers sont-ils devenus des ghettos et comment ces gamins ont-ils accédé au statut d'icônes nationales de la peur ? Le film ne répond pas à toutes les questions mais donne suffisamment d'éléments pour apercevoir l'engrenage. Pour faire court, il raconte l'histoire de la Commanderie, à Creil (Oise). Une résidence privée, construite au début des années 60. Un promoteur qui file à l'anglaise avant l'achèvement des travaux, la fermeture de toutes les usines de la région dans les années 70 et 80, la passivité des pouvoirs publics, les ambitions contrariées de la politique de la ville, les petits propriétaires qui bradent leurs logements, les marchands de sommeil qui squattent les appartements en toute impunité, les petits trafics et la délinquance qui s'installent, les petites disputes qui se terminent en bagarres sanglantes, la Commanderie devient effectivement un ghetto. Plus personne n'y entre mais personne ne s'en sort non plus.