Se demander pourquoi ce film plaît tant aux filles. Se demander pourquoi le jeune Godard l'a autant aimé. Se demander si ce ne sont pas les mêmes raisons qui en font un objet d'amour pour un jeune cinéaste et pour toutes ces filles qui cherchent leur image au-delà du miroir.
C'est compliqué aujourd'hui.
Pas plus qu'hier.
C'était quoi hier, déjà ?
Hitchcock, Ford, Guédiguian.
C'était compliqué sur Guédiguian. Je ne vois pas la ressemblance entre Spencer Tracy et Michel Bouquet.
Ce sont des gisants. Des blocs de vie.
Et Mitchum, tu le compares à qui ?
A Michel Bouquet.
Tu te fous de ma gueule.
Non. Ce sont deux hommes qui se tiennent droit. Tu en connais beaucoup d'autres ?
Et cette histoire de filles, de miroir ?
Le vieux Preminger tend un miroir aux jeunes filles.
Pourquoi ?
Pour qu'elles s'y regardent.
Pourquoi ?
Pour s'y trouver belles, couillon.
Belles mais noires, non ?
Les jeunes filles ne s'habillent en rose qu'à l'extérieur. Et encore.
Les filles s'imaginent méchantes ?
Evidemment.
Pourquoi ?
Parce qu'elles sont gentilles.
Toutes gentilles, tu veux dire ?
Bien sûr.
Et elles rêvent d'être méchantes ?
Bien sûr.
De tuer leurs parents ?
Bien sûr.
Elles rêvent de mourir au volant avec l'homme de leur vie ?
Bien sûr.
Et Godard, alors ?
C'est une jeune fille. Et un assassin.
Un si doux visage, c'est comment ?
Une merveille. Le plus improvisé des films de Preminger. Le plus lyrique.
Le plus Nouvelle Vague, c'est ça ?
C'est ça.
Preminger, i