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Libération
Critique

Sommes de travail.

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publié le 17 février 2005 à 0h36

Vous rêvez d'être tendance ? Dormez ! Mais pas n'importe où : au boulot ! Le roupillon postdéjeuner, selon Chantal Lasbats, réalisatrice de cette judicieuse enquête, n'est ni plus ni moins que l'avenir de l'homme et de l'entreprise. Regardez ces ouvrières de la maison Leblon-Delienne. Elles effectuent un travail de précision, stressant comme tous les boulots. Et comment se libèrent-elles de ce satané stress ? En piquant un petit somme, sous la conduite d'une psychologue autoproclamée coach de sommeil. Le patron est un pionnier de la sieste, et, à voir sa tête, la chose doit être bonne. On en connaît qui vont ricaner : «C'est pas en dormant que la France va se réveiller !», car sieste rime avec paresse. Ceux-là pataugent dans l'erreur. Exemple cinglant : l'Autriche. Au pays du compositeur de la Kleine Nachtmusik, on bosse 38 heures et demie, mais on a des pauses, des vraies, de trois quarts d'heure et même des lits pour pioncer.

Les 23 000 ouvriers sidérurgistes de la plus grosse industrie locale disposent d'une pièce parfaitement étudiée : divan vibrant (pour rappeler le bercement et le massage), casque audio et musiques idoines, bougies odoriférantes. Résultat : baisse du nombre des accidents du travail et de leur gravité, meilleure productivité. Autant dire qu'on est loin de la réalité française, automobile par exemple : vingt-trois minutes de pause, découpées en treize et huit minutes au long des huit heures de boulot, bouffe à la hâte dans l'atelier, pipi express. Là-bas,