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Libération
Critique

Super-huit, l'âge mûr

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publié le 20 avril 2005 à 1h50

Huit minutes pour fêter les quarante ans du super-huit. Judicieux, de la part du magazine du court métrage d'Arte (qui présente par ailleurs quatre films courts, dont le très attirant l'Homme le plus beau du monde, de la Britannique Alice Duffy). Tout commence en 1965, quand Eastman Kodak lance le super-huit. «Sans la moindre expérience, tournez votre première scène», dit le slogan. Et l'on ne se fit pas prier.

En Allemagne fédérale, pas moins de 250 000 caméras et 2 millions de projecteurs se vendent en quelques semaines. Sur gros grain, en lumières souvent saturées (pas toujours intentionnellement), on filme la famille, les ami(e)s, les amant(e)s, les facéties de l'oncle Paul, pour une fois muet, et que c'est bon ! Les années 70 sont l'âge d'or du super-huit. Les réalisateurs et les artistes ne s'intéressent pas encore au format. Trop mémère, peut-être.

Il faut attendre les débordantes années 80 pour qu'ils commencent à tripatouiller la pellicule. Un DVD, Berlin Super 80, ici largement utilisé, recense les principaux travaux de l'époque, ceux de Klaus Bayer, de Walter Gromming ou encore de Christiane Heuwinkel et Matthias Müller dont les quelques images d'Epilog (1987) aiguisent la curiosité. Le super-huit devient synonyme de création libre, d'indépendance vis-à-vis d'un cinéma commercial agressif. Le format est idéal pour toutes sortes d'expériences : on arrête le temps, l'image, on agrandit l'espace, on triture les sons. Bref, on invente. Jusqu'à la pellicule que l'on trav