Menu
Libération

Le ministre.

Article réservé aux abonnés
publié le 2 juin 2005 à 2h26

Toulouse, lundi 3 février 2003. Nicolas Sarkozy rend visite aux policiers et à Jean-Pierre Havrin, leur chef. Ancien du cabinet Chevènement, directeur départemental des polices urbaines, il est ici l'artisan de la police de proximité. Souvenons-nous (1).

«Le travail de prévention que vous faites est très utile», dit le ministre de l'Intérieur. Silence. Il scrute les policiers qui font cercle. Il a quelque chose dans le regard, un éclat particulier, une ombre entre colère et impatience. «Mais vous n'êtes pas des travailleurs sociaux.» Voix glacée. Silence, encore. Il observe par-dessous. Il force un sourire. Il a croisé les mains sur son ventre. Il agace ses pouces. Il a son petit geste d'épaules. Nous regardons les policiers. Une jeune femme, mains dans le dos qui se mord la joue. Un homme, bras croisés comme devant l'instituteur. Un autre, mains jointes. Un autre encore, doigts sur les lèvres. Tous regardent le sourire blanc. «Organiser un match de rugby pour les jeunes du quartier, c'est bien. Mais ce n'est pas la mission première de la police», dit le ministre. Il attend que ses mots ricochent sur les vareuses. «La mission première de la police ? L'investigation, l'interpellation, la lutte contre la délinquance.» Devant lui, un officier, casquette à la main. A sa gauche, livide, Jean-Pierre Havrin (2). «Quand je regarde les chiffres de 2001...», continue Sarkozy. Contraction des lèvres. Il lève les yeux, singe l'effarement. «2002, ça me donne mal à la tête, mais alors 2001