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Libération
Critique

Voies de barrage.

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publié le 2 juin 2005 à 2h26

Deux jeunes soldats israéliens rigolent sur les berges d'un point d'eau, aux portes de Naplouse. Visages poupins, cheveux bouclés, casque de travers. Des gamins. «On vient là pour entendre coasser les grenouilles. C'est notre secret. Et quand notre commandant l'autorise, on se baigne.» L'un d'eux se lève, dégingandé. La mine soudain sévère. «Mais quand les Palestiniens sont là, on joue les durs !» Tout est dit, ou presque, dans les premières minutes de ce documentaire implacable, quasi clinique, sur les checkpoints israéliens, ces barrages qui rendent la vie impossible à 3 millions de Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza depuis le début de la deuxième Intifada, il y a plus de quatre ans.

Fichage. Qu'ils soient constitués de blocs de béton, de barbelés, de longs tunnels en tôle ondulée ou simplement de deux ou trois soldats plantés au beau milieu d'une route de campagne ­ jambes écartées, fusil pointé ­ ces checkpoints fonctionnent sur le même principe. On bloque piétons et véhicules, on filtre, et on choisit, de façon souvent arbitraire, qui passe et qui reste sur le bord du chemin. Les soldats israéliens parlent parfois arabe, les Palestiniens souvent hébreu, ils baragouinent tous l'anglais. Les mots fusent, le ton monte et l'on ne sait plus qui parle quoi, qui vient d'où et pourquoi. A l'image du checkpoint que tous ­ Israéliens comme Palestiniens ­ appellent là-bas mahsoum. Le documentaire de Yoav Shamir a cet immense mérite de montrer sans avoir même besoin de le soulig