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Libération
Critique

Des Dupont nippons.

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publié le 8 juin 2005 à 2h31

Les Japonais ont à leur actif une célèbre saga familiale, une brochette de siphonnés plus policés que les Simpson californiens. Les Yamada (un patronyme aussi courant que Dupont ou Durand) sont tordus mais tellement attachants. Ils batifolèrent tout d'abord en bandes dessinées (signées Hisaichi Ishi) dans un grand quotidien (l'Asahi), avant de s'animer sur grand écran. On prend plaisir aux démêlés du papa surmené avec sa maisonnée. Chef de service dans son entreprise, ce pater familias, parfois en bisbille avec sa belle-mère septuagénaire, n'a pas toujours le dernier mot avec sa tendre épouse et pas davantage avec son fiston (l'indolent ado Noburo). Mais ils se mobilisent à l'unisson quand Nonoko manque à l'appel (oubliée dans un magasin, la délurée cadette a vite fait de retrouver un autre foyer). Souvent primesautières, parfois contemplatives, ponctuées de citations de Bashô et d'autres maîtres du haïku, ces saynètes successives, pluvieuses ou ensoleillées mais le plus souvent savoureuses, ont en commun un trait minimaliste, un ton elliptique, épicé d'une tendre ironie, joliment teinté de poésie aquarellée.

Isao Takahata (cofondateur avec Hayao Miyazaki du prestigieux studio Ghibli) a mis en scène Mes voisins les Yamada, après l'épatant Pompoko, couronné à Annecy en 1995 (prix du long métrage), et diverses adaptations, de la BD douce-amère (Kio la petite peste) à la fresque apocalyptique (le Tombeau des lucioles). Auteur éclectique autant que versatile ­ il étudia dans sa j