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Libération

L'interrogatoire.

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publié le 10 juin 2005 à 2h33

Tim Collins est face à ses hommes. Il va parler. Collins est Irlandais du Nord, né à Belfast, ancien membre des SAS, lieutenant-colonel commandant le 1er Bataillon du Royal Irish Regiment. Nous sommes dans le désert du Koweït, le 19 mars 2003. Collins et sa troupe font mouvement vers l'Irak. «Nous y allons pour libérer, pas pour conquérir», dit Collins. «Et si vous êtes féroces au combat, souvenez-vous d'être magnanimes dans la victoire», dit-il encore. Le prince Charles se dit «profondément ému» par cette adresse. Le président Bush en épingle le texte dans son bureau ovale. Un an plus tard, Collins est suspecté d'avoir brûlé vif un dignitaire du parti Baas. Les hommes du régiment irlandais sont accusés d'avoir massacré neuf Irakiens de sang-froid. Lâché par sa hiérarchie, Collins est blanchi, mais il démissionne. Aujourd'hui colonel en retraite, Tim Collins publie ses mémoires. Il est ici interrogé par Stephen Sackur (1).

«Avez-vous, vous ou vos hommes, jamais exercé des mauvais traitements en Irak ?», demande le journaliste. «Jamais», répond Collins. «Jamais ? Vous n'avez jamais vu qui que ce soit sous votre commandement faire quoi que ce soit d'injuste ?» «Absolument pas. Mon commandement a incorporé des volontaires irakiens. Ils nous ont aidés, ils ont sauvé des vies en faisant cela. Ils étaient heureux de faire partie du régiment royal irlandais.» «Et à chaque mouvement, lors de toutes ces opérations, vous avez suivi à la lettre la Convention de Genève ?» «Oui, préciséme