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Libération
Critique

1945, la «drôle de France».

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publié le 11 juin 2005 à 2h34

Ça commence par Dieu causant à de Gaulle par le truchement d'un évêque : «Tout ce que vous avez fait, c'est parce que Dieu a voulu que vous le fassiez. C'est le doigt de Dieu qui vous a désigné.» ça continue par un calendrier farceur : l'année commence en juin 1944 avec le débarquement des troupes alliées, pour s'achever le 20 janvier 1946 par le départ du général. Etrange période que sondent Patrick Cabouat et Alain Moreau.

Une heure et demie durant, sur des images d'archives d'intérêt et d'intensité divers, défile la «France d'après». Avec le procès Pétain qui envoie le maréchal croupir à l'île d'Yeu pendant six ans, et fusille un Laval déjà à demi mort par suicide au cyanure. La France d'après l'exaltation de la Libération qui, les troupes américaines s'installant, commence à trouver lourde cette «occupation» nouvelle, selon les termes employés dans les rapports des RG. La France de la diplomatie, des jeux et calculs entre Américains, Anglais, Soviétiques qui verraient assez que de Gaulle s'occupe de son seul pays en ruines et non de l'équilibre du monde qui naît. La France d'après les privations qui doit se priver encore (de logements, d'usines, de trains, de charbon) et soigner ses enfants rachitiques. La France qui nationalise et bâtit son régime d'assurances sociales. La France qui, pour certains, ne sait exorciser sa peur et sa honte qu'en épurant sans vergogne. La France du Parti communiste français, oublieux du pacte germano-soviétique, plus patriote que jamais, qui