«Proposition de loi visant à lutter contre la pollution due aux sacs plastique», commence Antoine de Fouchecour. Il a le phrasé soigné et l'aplomb compassé d'un vieux parlementaire. Quelques rires adultes. Antoine est en CM2. «Vas-y ! Ne te laisse pas déstabiliser par les députés. Ils sont vraiment terribles !» sourit Jean-Louis Debré. Antoine représente l'école primaire Saint-Exupéry de Marly-le-Roi (Yvelines). Il fait face à quelques élus, au ministre de l'Education nationale et à 576 écoliers composant le XIIe Parlement des enfants. Trois propositions de loi enfantines sont en lice. Un texte destiné à combattre l'obésité, un autre souhaitant la France plus solidaire en eau avec les pays défavorisés, et celle rendant obligatoire les sacs biodégradables. C'est l'heure du vote (1).

«Nous allons maintenant passer au scrutin», dit Debré. Il observe les enfants. «Ecoutez-moi trente secondes ! Vous allez donc pouvoir exprimer votre choix sur l'une de ces trois propositions. Comment vous allez faire ?» Brouhaha. Debré tinte sa clochette de rappel. «Ecoutez-moi !»

Il sourit. «Je vais rappeler l'une après l'autre les trois propositions. Il y aura donc trois votes successifs mais vous ne votez qu'une fois, pour la proposition qui vous plaît le plus (2).» Il regarde l'hémicycle mouvant. «Vous n'avez rien compris.» «Siiiiiiiiiiii !» «Alors vous allez ouvrir le petit boîtier qui est devant vous.» Les mains se précipitent vers le métal noir. Ouvert, fermé, ouvert, fermé, bruit de clapets