Il y a eu le Rwanda (au printemps 1994), puis Srebrenica (en juillet 1995). Et l'Ituri a bien failli figurer à son tour sur cette liste des horreurs. Au printemps 2003, sous les yeux de Casques bleus uruguayens débordés, un autre massacre à grande échelle a été évité de justesse dans cette région de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à la sale guerre que se livrent les milices pour le contrôle des mines d'or. Une catastrophe qui aurait pu propager le feu à l'ensemble de l'Afrique des Grands Lacs, et détruit le peu de crédibilité qui reste aux Nations unies.
Des allées ouatées du siège de l'ONU, à New York, aux bâtiments défoncés de Bunia (le chef-lieu de l'Ituri) gardés par des enfants-soldats, le réalisateur canadien Paul Cowan raconte du dedans, dans un va-et-vient haletant, les tractations diplomatiques qui ont permis à l'Ituri d'échapper à un génocide potentiel. Pour ce faire, il a obtenu ce que personne avant lui n'avait obtenu. Il filme les réunions internes du département des opérations de maintien de la paix de l'ONU (les «OMP» dans le jargon onusien), dirigé par le Français Jean-Marie Guéhenno, et les vidéoconférences entre New York et Kinshasa. Sans hésiter à montrer des images des suppliciés de l'Ituri, morts ou rescapés de l'enfer. Alors qu'il est de bon ton, aux Etats-Unis principalement, de dauber sur l'impuissance et l'incurie des Nations unies, Paul Cowan donne à voir une réalité autrement plus complexe. On suit avec angoisse les effo