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Libération
Critique

Max sous la menace.

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publié le 21 juin 2005 à 2h41

«Jacques Robert, pirate des ondes», c'est de la grande radio, la prise en otages le 8 février 1974 de Max Meynier et de son réalisateur lors de l'émission Les routiers sont sympas. Irruption du fait divers dans un studio de RTL, comme si on y était. Christophe Deleu et François Teste, auteurs de ce docu émouvant, livrent les archives sonores inédites du kidnapping avec l'accord de RTL, qui les avaient oubliées.

Nous voilà donc au coeur du rapt avec l'animateur de l'émission fétiche des gros culs et son inimitable jingle «Allons la route, allons la route...» qui palabre toute la nuit avec le pirate des ondes : «Ne bougez pas, c'est un détournement d'antenne», a annoncé le givré. Il a tiré un coup de feu, tient une grenade dégoupillée, exige une tribune pour ses opinions. Sous la menace, Max lit à ses auditeurs le texte «abscons, obscur et long» de cet «humaniste moralisateur qui prend la défense des gens grugés par l'Etat» et les enjoint à renvoyer leur carte d'électeur. ça s'éternise. Jacques Robert exige bientôt 30 minutes de direct sur les trois chaînes de télé, négocie avec le président de l'ORTF. Dans ce huis clos enregistré par les techniciens, mais jamais retransmis, on découvre un Max Meynier héroïque qui aide l'intrus aux deux mains armées à boire et à fumer, l'apaise d'un ton patelin et gouailleur, l'interviewe pour «désamorcer» la tension et passer le temps. Le kidnappeur idéaliste et déséquilibré l'a tellement à la bonne qu'il parle de «prise de compagnons», et non