Nous regardons Jean-Louis Trescazes. Il a enlevé son maillot. Il est torse nu, accroupi au bord d'un petit lac sombre. Lentement, il coupe une tranche de son pain et un copeau de fromage de brebis. Puis il regarde autour. Un rapace traverse le ciel plombé. En lisière de neige, des isards vont lentement. Nous voyons le berger s'allonger sur la roche qui borde le torrent. Il boit à pleine eau, les lèvres dans le remous. Tounard le chien est à portée de voix. Nous sommes dans les Pyrénées, en juillet. Dans quelques jours, Jean-Louis Trescazes et Alphonse Ousteau redescendront dans la vallée du Louron pour aider aux foins. Ensuite, ils remonteront ici pour surveiller le troupeau (1).
La neige forme une muraille, piquetée de terre et d'herbes. Le berger creuse. Il donne des coups de piolet dans la masse pour en extraire un bloc. Nous le suivons qui marche vers le refuge. Il a mis une capuche de grosse toile, qui couvre aussi son cou. Il porte la charge ficelée au creux de ses épaules, le chien dans ses pas. Depuis quelques instants, le tonnerre gronde. Il n'éclate pas, ne fracasse rien encore, il roule. Il s'étale, s'étend, parcourt son territoire. On l'entend qui menace comme un tambour lointain. Jean-Louis Trescazes entre au refuge. Il y a un feu dans l'âtre. Tout est obscurité. Il brise le bloc de neige en morceaux pour en faire une glacière. Soigneusement, il y enfouit le beurre, un melon, quelques pêches qu'il recouvre. Maintenant, Trescazes et Ousteau sont à table, dans le n