Menu
Libération
Critique

Les Anges du péché (2).

Article réservé aux abonnés
CINECINEMACLASSSIC, 12 h 30.
publié le 22 juin 2005 à 2h42

Deux garçons plus très jeunes. L'un est mort, l'autre est vivant. Appelons-les Serge et Louis. C'est toujours Serge qui parle le premier.

­ Si Bresson n'était pas si chochotte, ce serait le plus grand, c'est ça.

­ Au contraire. C'est pour ça qu'il est le plus grand. Tu le vois dès les Anges du péché. Il est où il est, tu n'as pas compris ?

­ Non.

­ L'idéalisme et la coquetterie grande-bourgeoise d'Anne-Marie quand elle se fait engager au couvent, c'est quoi ?

­ Chochotterie ?

­ Eh oui. Ecoute ce dialogue entre deux soeurs : «C'est une âme orgueilleuse, agitée, tout le contraire de ce que nous cherchons. ­ Oui, mais c'est une âme.»

­ C'est Giraudoux ?

­ Oui. Un régal de concision et d'humour. Ecoute la suite, c'est Anne-Marie qui parle de Thérèse.

­ Celle de Cavalier ? La même ?

­ Presque. Cavalier aussi est une grande chochotte, un grand cinéaste. Ecoute Anne-Marie qui parle de Thérèse, de son corps souffrant. «Oh, oui ! Tout de suite une grande criminelle ! C'est une femme comme ça, une femme perdue, que je veux sauver.»

­ C'est beau.

­ Sublime, tu veux dire.

­ Elle est amoureuse de Dieu ou de Thérèse ?

­ Des deux. C'est ça qui est beau. On ne sait plus. Toute distance est abolie.

­ Blanchot ?

­ Oui.

­ Anne-Marie est vierge ?

­ Evidemment.

­ Coquine ?

­ Evidemment.

­ Il est comment, le couvent ?

­ Mondain. C'est un salon.

­ Ce sont des gens de goût ?

­ Oui. Des gens exquis.

­ Question de classe, c'est ça ?

­ C'est ça. Tu l'as vu, les Anges du péché ?

­ Il est devant moi, je le vois.

­ Bresson ? Il est