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Libération
Critique

Expertise d'un suicide.

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publié le 24 juin 2005 à 2h43

Personne n'a oublié les silhouettes brouillées par la neige des Casques bleus britanniques juchés sur leurs chars d'assaut, roulant d'un village bosniaque à l'autre avec pour seule perspective de tomber sur des populations soit déjà massacrées, soit qu'on ne les laisserait pas évacuer, donc condamnées. Warriors (1999) n'avait rien d'un film épique avec gros moyens et inspiration démiurgique à bord. Ce fut pourtant une révélation. Plus modestement, moins impliqué émotionnellement mais avec une ténacité admirable, Peter Kosminsky s'est ensuite intéressé aux années Tony Blair (The Project, 2002), avant de trouver dans l'affaire David Kelly une nouvelle occasion de parler de la guerre, cette fois en Irak, et de la problématique du mensonge et de la vérité en politique. Kosminsky opère à chaud, sur des événements historiques récents : le film entre ainsi en résonance avec l'actualité encore fraîche et creuse en profondeur ses éventuelles significations. De l'expert en armement biologique David Kelly (inspecteur de l'ONU entre 1991 et 1998 : trente-six voyages en Irak), qui s'est suicidé au coeur d'une tempête médiatico-politique qui le dépassait, Kosminsky fait une figure contemporaine emblématique : l'individu moderne, dont la marge de manoeuvre ne cesse de rétrécir.

Enchaînement complexe. En mai 2003, un reportage radio de la BBC rapporte les propos d'une source non identifiée selon lesquels le cabinet de Blair aurait, afin de le «rendre plus sexy», «gonflé» un rapport sur l'arm