Nous allons entendre Pierre-Henri Teitgen. Démocrate-chrétien, résistant au nazisme, il fonde le groupe Liberté en novembre 1940. Arrêté le 6 juin 1944, torturé par la Gestapo, il s'évade d'un convoi de déportés et rejoint les FFI. Nous sommes en 1975, sur le plateau de l'émission les Dossiers de l'écran. Teitgen est présent. La discussion porte sur la «collaboration».
La France de Vichy, de l'historien américain Robert Paxton, n'a été traduit en France que deux ans plus tôt. Le rôle de Pétain pendant la guerre est toujours âprement discuté. Ce soir, Pierre-Henri Teitgen veut en finir avec le débat (1).
«J'aimerais tout de même rappeler ce qu'a été cette collaboration sur le sol national», dit l'ancien ministre de De Gaulle. Il était penché, il se redresse. Regard de procureur. «Ce n'est pas uniquement des discours et des manifestations devant les foules, la collaboration. Ce sont des actes, des faits, des mesures prises, signées par Philippe Pétain. L'amnistie est à peine signé : statut des juifs !» Teitgen observe les invités. «Philippe Pétain ! Maréchal de France ! Il met son nom sous un statut des juifs ! C'est un affront, un reniement de tout ce qu'est la morale, la tradition, le passé de la France. C'est une abomination.» Teitgen parle, gronde, bat des mains. Tout autour, un silence captif. «Non seulement on les exclut de la fonction publique, on les spolie de leurs biens, mais ce n'est rien encore ! Ce n'est rien encore, parce qu'il faut voir ce que ça a été sur le terr