Madrid de notre correspondant
«C'en est fini de la télévision publique télédirigée par le parti au pouvoir. Elle aura dorénavant une authentique mission de service public, avec des programmes de qualité.» Ces mots de Teresa de la Vega, numéro deux du gouvernement Zapatero, illustrent le virage que les socialistes font prendre à TVE, la télévision publique espagnole, et, donc, au paysage audiovisuel national.
Taxée depuis trois décennies d'être à la botte du pouvoir, la télé publique s'émancipe en suivant le modèle de la BBC : désormais, TVE cessera d'être une entité étatique pour devenir une «corporation», une société anonyme. Son capital sera contrôlé à 100 % par l'Etat, mais cette dépendance ne sera que financière: le pouvoir sur TVE sera entre les mains d'un conseil d'administration «non contrôlé par l'exécutif». Formé de dix membres choisis par les Cortes, le parlement espagnol, ce conseil sera soumis au seul contrôle parlementaire, et se dotera d'un directeur général «sur des critères strictement professionnels». Cet avant-projet de loi, approuvé en Conseil des ministres la semaine dernière, devrait entrer en vigueur au printemps 2006.
Dette. La réforme, qui s'accompagnera de la création d'un organe de surveillance de type CSA, découle d'une promesse électorale de José Luis Zapatero, au pouvoir depuis avril 2004. Admirateur déclaré du modèle britannique, le jeune Premier ministre socialiste s'est inspiré des conclusions d'un comité des sages. Celui-ci avait pointé du doigt