Logiquement, la version télévisuelle de l'essai éponyme d'Hervé Hamon (paru aux éditions du Seuil en 2004) propose le même diagnostic sur l'évolution de l'enseignement secondaire depuis vingt ans : le collège a bien mieux encaissé le choc qu'on ne le dit ; le lycée professionnel a fait un grand bond en avant ; seul le lycée général n'a pas vraiment bougé (c'est «cap sur la retraite»). Et, comme dans le livre, le discours du militant Hervé pointe derrière la caméra du documentariste Hamon.
C'est pourtant par la caméra qu'il touche. Avec les images d'archives de Tant qu'il y aura des profs, docu tiré du livre publié en 1984 par Hamon ; où les tenants du «c'était mieux avant» se rafraîchiront utilement la mémoire. Avec cette leçon de musique où l'enseignant tente l'adagio de la Septième de Beethoven via les percussions dans une classe black-beur de gamins «qui ont beaucoup de bruit, en permanence, à l'intérieur d'eux». Avec les personnes qu'Hamon a retrouvées vingt ans plus tard, sur les mêmes lieux. Comme madame Saporta, professeure de lettres en lycée pro, que l'on (re) voit acculée contre son tableau par une classe en furie, il y a vingt ans. Elle dit : «J'avais passé un an collée au mur un calvaire.» Aujourd'hui, elle se meut, facile, dans des rangs attentifs. Hamon referme l'album sur un cours de français où l'enseignant invite les élèves à fermer les yeux pour visualiser Ulysse pris entre Charybde et Scylla. Ça a l'air drôlement beau, en eux.
Là on se dit que l'école marc