Est-ce parce que la droite est au pouvoir que le 80e anniversaire de Pierre Boulez est passé inaperçu en France en comparaison avec la grande célébration berlinoise ou tout simplement parce que les élites françaises, hormis quelques fameux mécènes, se contrefichent de la musique ? Sans doute un peu des deux, ce qui n'a pas empêché Pierre Bouteiller d'écrire et de produire A la recherche de Pierre Boulez. Résumer le compositeur, le chef, le pédagogue et l'homme d'institutions est impossible. Mais ce portrait clair et élégant réalisé par Gérald Caillat réussit tout de même à donner un aperçu de quelques lieux (l'Ircam, la Cité de la musique, the Manhattan School of Music), problématiques et modes de travail du maître, et à faire entendre sa musique. Boulez évoque la question de la formation du compositeur. Lui-même a commencé très jeune en imitant les modèles avant de découvrir qu'il lui fallait se constituer un langage cohérent. Il dit que cette éducation (qui pour lui relève plutôt d'une «déformation» ou d'une «explosion») doit durer deux ou trois ans au maximum : «Après, il faut apprendre à être soi-même» ou renoncer. Le pianiste Pierre-Laurent Aimard ratifie la grande originalité d'écriture du compositeur faisant éclater héritages et traditions dès l'âge de 20 ans et en fait la démonstration sur son instrument, reconnaissant que les partitions de Boulez refusent de livrer tous leurs secrets au lecteur ou à l'auditeur.
Une autre pianiste, Hélène Grimaud, loue ce don qu'a