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Libération

Censure: us et ruses de la presse russe

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Si la télé est sous la coupe du Kremlin, les quotidiens gardent une certaine liberté de ton.
publié le 13 septembre 2005 à 3h40

Moscou de notre correspondante

«L'économie russe est devenue aussi libre que celle d'un pays africain», «Le fisc va augmenter la pression sur le business», «Les policiers de Moscou se battent comme des bêtes»... A la une des principaux quotidiens russes (dans l'ordre : Kommersant, Vedomosti et Moskovski Komsomolets), ce ne sont là que quelques-uns des titres insolents ou critiques que l'on pouvait lire hier matin. Alors que la télévision russe est retombée sous le contrôle étroit du Kremlin, quelques quotidiens, diffusés essentiellement à Moscou et dans les grandes villes du pays, ont semble-t-il gardé une belle liberté de ton.

«Personne n'a de liberté absolue», nuance Pavel Goussev, propriétaire et rédacteur en chef du plus grand quotidien russe, le Moskovski Komsomolets (MK). «Pour moi, le problème principal est la corruption de notre justice, explique-t-il. Les tribunaux obéissent aux coups de fil qu'ils reçoivent du pouvoir, ou bien ils peuvent être achetés. Tout récemment, nous avons ainsi été condamnés à une amende de 3 millions de roubles [86 000 euros] pour une phrase... que nous n'avions même pas publiée !» Pour parer les coups, ce patron de presse se dit maintenant obligé d'employer un staff permanent d'une dizaine de juristes.

Menaces. A côté de ces attaques, qui proviennent souvent de députés ou d'hommes d'affaires, le Kremlin ne semble pas le principal souci de ce journaliste : «Bien sûr, les gens du Kremlin m'appellent sans cesse, avoue-t-il. Après des articles cr