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Libération

Les frères.

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publié le 14 septembre 2005 à 3h40

Le 12 juillet 1690, dans le nord-est de l'Irlande, les troupes de William infligeaient une défaite historique à l'armée de Jacques. William III était prince d'Orange et Jacques II, roi d'Angleterre. William était protestant, Jacques était catholique. Aujourd'hui, les 100 000 protestants nord-irlandais membres de l'ordre d'Orange continuent de célébrer cette victoire. Ils paradent aux accents d'hier, en uniformes guerriers, fifres et tambours en tête. Ils rappellent aux nationalistes qu'ils ont été vaincus il y a trois cent quinze ans. Aussi, ils tentent de pénétrer leurs quartiers. Samedi à Belfast, la fraternité orange a voulu forcer les rues de Springfield la catholique. Face à la police protestante d'Ulster, voici d'autres protestants, leurs frères, grimés en soldats du XVIIe siècle (1).

Ils arrivent au pas et en rangs compacts. On les voit de loin, qui descendent vers le quartier catholique en formation militaire. On ne les entend pas, on les devine. Il fait beau. Derrière les harmonies, les baudriers, les gants blancs et les fourragères, les hommes ont tombé la veste. Ils portent l'écharpe orange de leur loge à même la chemise d'été. Casques, visières fumées, boucliers, les policiers interdisent le passage. Un manifestant surgit, immense, il bouscule un uniforme, lève son bâton de fanfare, domine de sa taille un autre policier qui le repousse à mains nues. L'homme menace. Il hurle, bouche ouverte et visage mauvais. Mille policiers, mille soldats pour contenir l'assaut. L