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Libération

Comment Yahoo a sacrifié un dissident chinois à ses intérêts.

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Le site pionnier d'Internet a dû transmettre aux autorités de Pékin les informations qui ont permis d'emprisonner le journaliste Shi Tao.
publié le 16 septembre 2005 à 3h42

Pékin de notre correspondant

Les blogs éructent, les forums grondent : Yahoo est mis en accusation depuis que Reporters sans frontières (RSF) a révélé que le géant américain de l'Internet a remis à la justice chinoise des informations qui ont permis d'envoyer un journaliste chinois en prison pour dix ans. Jerry Yang, le cofondateur de Yahoo, a beau expliquer qu'il n'avait pas le choix et que sa société est contrainte d'obéir aux lois des pays dans lesquels elle opère, rien n'y fait. La réputation de Yahoo risque d'en être durablement entachée et son site est menacé de faire l'objet de campagnes de boycottage.

Tiananmen. Retour sur une affaire exemplaire : Shi Tao, un journaliste de 36 ans, employé du journal Dangdai Shang Bao (Contemporary Trade News) de Changsha, la capitale de la province du Hunan, adresse un e-mail, le 20 avril 2004, à un site Internet de langue chinoise hébergé à l'étranger. Il y révèle le contenu d'une note confidentielle reçue par son journal et concernant le climat politique à la veille du quinzième anniversaire du massacre de Tiananmen, le 4 juin. Le département de la propagande du Parti communiste chinois donnait ses consignes à la presse officielle face aux «risques pour la stabilité». Arrêté en novembre 2004, Shi Tao est condamné le 30 avril 2005 à dix ans de prison pour «divulgation de secrets d'Etat à l'étranger», une peine très lourde au regard des faits. Le déroulement du procès avait déjà été critiqué à l'étranger : à la veille de l'audience, l