Certains cinéastes ont l'air de refaire éternellement le même film. C'est qu'ils sont devenus terroristes. Face à l'immobilisme du monde et à sa surdité, ils se sont mis à poser des bombes. C'est à des charges trop longtemps contenues que ressemblent les films de Paul Vecchiali, tel A vot'bon coeur, qui vient de sortir (Libération du 31 août) et qui fait sa fête au système de financement cinématographique français. Encore/Once More date de 1987, quand ça marchait encore pour Vecchiali et sa bande. Sur les rapports du théâtre et du cinéma, Encore... répond par un machin très gonflé, installant une tragédie antique moderne avec trois bouts de ficelle (fragments de comédie musicale, dialogues inachevés, face-à-face esquissés), transformant chaque bribe de réel (le métro, un bar avec billard, un quai où l'on drague) en décors intemporels et fatals. Louis quitte sa femme, Louis creuse sa solitude, Louis fait des rencontres, Louis est homosexuel, Louis est fou d'amour, Louis se fait plaquer, Louis ne s'en remet pas, Louis a le sida, Louis s'en va. Le naturalisme est l'ennemi, le parcours de Louis est traité dans une succession de tableaux corsetés, d'une lucidité stridente et d'une violence ravalée jusqu'à l'aphasie, sur le passage du temps, la férocité de la vie.
Comme chez Gérard Blain, autre mal-aimé, c'est bien le mélange de rage et de rigueur qui fait peur, qui constitue leur radicalité intimidante (outre une capacité vertigineuse à aller à l'essentiel). Les films sont trop vr