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Libération
Critique

Le déshonneur d'un poilu en rase campagne.

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publié le 17 septembre 2005 à 3h44

En août 1914, le petit Momo est fier de voir son papa partir à la guerre pour casser du Boche. Un an plus tard, cet agriculteur ­ bon père, bon époux, bon voisin ­ est l'un des neuf cents soldats français qui, chaque jour en moyenne, meurent sur les fronts de la Première Guerre mondiale. Mais Maurice, ce héros au sourire si doux, n'est pas «tombé au champ de l'honneur», comme le pensait son fils : il a été fusillé pour désertion. Momo n'a pas encore 13 ans, mais il décide de gagner les tranchées pour laver la «honte» paternelle et réhabiliter sa famille rejetée par le village...

Trop mélodramatique, pas toujours bien joué, ce téléfilm de Thierry Binisti a au moins le mérite de régler leur compte au nationalisme fanatique comme aux prétendues vertus de l'héroïsme guerrier. Il rappelle salutairement qu'en 1914, les Poilus ne partaient pas forcément pour Berlin avec la fleur au fusil, mais les larmes aux yeux et l'angoisse au coeur. Le scénario de Nadine Lermite ne cache rien non plus de l'intense propagande militariste à laquelle étaient soumis les Français «de l'arrière», et notamment les enfants, abreuvés de haine anti-Allemands et d'exaltation patriotique par leurs instituteurs censés pourtant incarner la voix de la raison.

Mais, comme beaucoup de fictions télévisées en costumes, Allons petits enfants est victime de «l'effet dînette» : un manque de moyens rédhibitoire dès qu'il s'agit de montrer la vie quotidienne des campagnes en 1914, une gare animée ou un camp de soldats a