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Libération
Critique

La belle et le branque.

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publié le 22 septembre 2005 à 3h47

On pouvait croire que tout avait été fait sur la vieille rengaine des couples héros de séries télé. Le blanc et le noir (Miami Vice), le gentil et le méchant flic (NYPD Blue), l'allumé et la cartésienne (X-Files)... C'était mal connaître les producteurs (parmi lesquels Bruce Willis) des Forces du mal, traduction de Touching Evil, titre de ce programme américain adapté d'une minisérie anglaise. Le couple en question est composé d'une jolie femme (Vera Farmiga) au regard si fragile qu'on s'étonne de la découvrir dans l'unité de police chargée de traquer les tueurs en série, et d'un homme (Jeffrey Donovan), son collègue, qui est complètement dingue. Il embrasse les gens au commissariat, s'habille comme un clodo, se coupe les cheveux à la cafétéria... Il faut dire que le pauvre garçon, trois ans auparavant, a bloqué une balle de gros calibre avec son crâne et a été déclaré cliniquement mort pendant dix minutes. Il a fini par revenir parmi les vivants mais a laissé au passage quelques grammes de cerveau dans l'affaire. Par bonheur, la perte de ces fragments de matière grise n'a affecté ni sa capacité d'analyse (bien au contraire) ni l'essentiel de ses facultés psychomotrices. Bref, il ne bave pas, ni rien, mais les notions de honte et de peur ont juste définitivement disparu de son champ émotionnel.

La question qui se pose désormais est donc celle-ci : fait-on une série avec un type dont le handicap est de demeurer insensible aux faiblesses humaines ­ faiblesses dont la pauvre fil