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Libération
Critique

Les Oiseaux.

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CINECINEMA CLASSIC, 20 h 45.
publié le 22 septembre 2005 à 3h47

Elle n'en revenait pas. Monsieur Daniel avait travaillé avec Alfred Hitchcock ! Il avait même eu un rôle dans le remake de l'Homme qui en savait trop, celui avec la grosse Doris Day et l'élégant James Stewart. Vous avez connu Walsh et Hitchcock, lâcha Caroline, je n'en reviens pas. Pas qu'eux, répondit monsieur Daniel, je vous raconterai ça une autre fois. Hitchcock vous intéresse, c'est ça ? Qu'est-ce que vous voulez savoir, mon petit ? Il était comment ?, demanda timidement Caroline. Comme tous les autres, mon petit. Comme tous les autres. Rien ne ressemble autant à un régisseur qu'un autre régisseur. Un régisseur, comme vous y allez, monsieur Daniel ! Hitchcock est un cinéaste, un auteur, un artiste. Ce que tu te goures, fillette, ce que tu te goures, c'était un metteur en scène, un régisseur, comme tous les autres. Je me rappelle qu'il m'a poussé sur la place Djemaa el-Fna, à Marrakech, comme si j'étais un vulgaire figurant, un tas de viande. Aucun respect pour les acteurs, aucune considération. Tout juste s'il m'a jeté un regard pour vérifier que j'étais crédible en assassin arabe, rien à faire de moi, je te dis, j'aurais été un tas de viande, une kefta, ç'aurait été pareil. C'est quoi, une kefta ?, demanda Caroline. Une boulette de viande hachée, tu ne sais pas ça ? Tu ne voyages donc pas ? Je n'ai pas le droit, répondit timidement Caroline, je suis trop jeune. Mais tu as quel âge, mon petit ? 13 ans, dit-elle en baissant les yeux.

Monsieur Daniel était soufflé. Elle en