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Libération
Critique

Festival de carambolages

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publié le 24 septembre 2005 à 3h48

Proposition bien vue de deux films surprenants du réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il ne lâche pas l'affaire.

Dès Amours chiennes, son premier long métrage, tourné à Mexico, le cinéaste se lançait dans un film choral (impossible aujourd'hui de s'attacher à un seul destin sans passer sans doute pour un individualiste ringard) mais, plutôt que d'entrelacer les fils selon un montage parallèle classique, il juxtaposait trois blocs narratifs, presque trois films distincts : le jeune Octavio, qui déteste son frère et désire sa belle-soeur, s'enrichit dangereusement grâce à des combats de chien ; le mannequin Valeria, dont le chien Ricci a disparu dans un trou du parquet de son nouvel appartement, perd la boule (drame domestique terrifiant extrêmement réussi) ; et un tueur à gages clochardisé qui ramasse les chiens errants tente de rentrer en contact avec sa fille qu'il ne connaît pas.

Le lien, c'est les chiens, qui métaphorisent les différentes modalités de violence dans des milieux sociaux antagonistes, non sans affubler le film de quelques haillons bibliques et facilités symboliques.

Mais le lien, c'est également l'accident de voiture, qui pouvait passer pour une ficelle scénaristique mettant les trois histoires au contact, qui devient une véritable hantise quand on le retrouve dans 21 Grammes, film tourné quatre ans plus tard à Hollywood : Sean Penn, qui a de graves problèmes cardiaques, se retrouve avec le coeur d'un acciden