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Libération

Le rendu

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publié le 27 septembre 2005 à 3h51

«L'épreuve», «l'effondrement», «peut-il encore gouverner ?» Nous sommes au printemps 1984. En première page, les magazines mettent en lumière les difficultés politiques traversées par François Mitterrand. Fragilisé, le président de la République fait appel à Gérard Colé et Jacques Pilhan, deux des communicants artisans de la victoire socialiste de 1981. Aujourd'hui, Gérard Colé raconte. D'abord, voici quelques images, ensuite, quelques explications (1).

François Mitterrand est habillé de simple. Costume clair et mou, cravate souple. Il avance en plein champ, lentement, suivi par un agriculteur, l'agricultrice mains jointes et leur fils bras croisés. Ils sont entourés de la suite présidentielle. Caméras, photographes, dizaines de personnes pressantes et bourdonnantes. Ils remontent l'étable. Les bêtes sont col baissé, museau dans le fourrage. Le paysan montre quelque chose, le Président regarde, toujours ces gestes lents. A la porte, Mitterrand serre longuement la main de grand-mère en gilet mauve, puis il entre dans la ferme et s'installe au salon. Le buffet est sculpté, baroque, lourd, décoré d'assiettes. La table longue, recouverte d'une toile cirée. Au mur, une reproduction de l'Angélus de Millet. Le Président prend place. La fermière lui sert un verre de vin. Ils sont seuls, comme intimes. Dans la pièce, tout est tranquille. Il n'y a plus que la famille et l'homme d'Etat. Retour en arrière. «Mitterrand nous convoque tous les deux, explique Colé, et là, il nous dit : "Est-