Bagdad et Washington avaient promis un procès exemplaire et fouillé, un jugement pour l'histoire. D'ores et déjà, il semble que le procès de Saddam Hussein, qui s'ouvre le 19 octobre, ne sera ni l'un ni l'autre. Le film réalisé par Jean-Pierre Krief après une enquête de dix-huit mois auprès de juges, d'avocats, d'enquêteurs et d'experts internationaux essaie de comprendre pourquoi la mécanique judiciaire s'est emballée pour boucler un dossier d'instruction qui paraissait devoir prendre des années et fixer si soudainement un procès.
Même s'il ne répond pas à la question qu'il pose, le documentaire offre des images saisissantes des trois auditions publiques de Saddam Hussein, entre l'été 2004 et l'été 2005. Les premières, longues et sonorisées, montrent l'ancien président irakien faisant face avec morgue à ses juges. Les dernières, courtes, dévoilent un homme amoindri et docile. On ne pourra que s'imaginer comment s'est produite cette transformation de l'accusé, tenu en isolement, et qui n'a pu rencontrer qu'un seul de ses avocats. Le film, qui dévoile les manquements aux droits de la défense, n'est pas un plaidoyer pour Saddam Hussein dont le bilan est évocateur : 180 000 Kurdes et 200 000 chiites assassinés, 200 000 disparus, 900 000 déplacés, 500 000 à 700 000 victimes de la guerre Iran-Irak et 300 charniers mis au jour.
Décidés à obtenir la peine de mort contre l'ancien président, Washington et son protégé irakien ont refusé que le cas du raïs soit examiné par une juridictio