Il porte une chemise à rayures et à manches courtes. Ses cheveux sont propres et coiffés sur le côté. Avant de s'exprimer, il passe souvent sa langue sur sa lèvre inférieure. Dans le secteur de la grande distribution, il pourrait être un salarié un peu limite mais consciencieux. Dans celui de la littérature, il est l'employé du mois, celui qui dirige un rayon qui fait exploser les ventes du secteur. Michel Houellebecq est là pour défendre son dernier roman, la Possibilité d'une île, et pour parler de littérature. Clément, son corgi, est couché en boule à ses pieds. Laure Adler, «qui lui trouve des airs de petit garçon très doux», se tient face à lui, plus en soutien qu'en intervieweuse acharnée. Des entretiens télévisuels que Houellebecq a accordés lors de cette rentrée (Vol de nuit avec PPDA, Tout le monde en parle avec Thierry Ardisson), celui-ci est de très loin le plus intéressant. D'abord à cause de sa longueur, cinquante-six minutes qui laissent le temps aux silences et aux regards obliques.
Balzac. L'entretien, enregistré le 1er septembre, laisse de côté l'ennuyeuse polémique sur le lancement de son livre, pour se concentrer beaucoup sur ses lectures et un peu sur son écriture. Il a le mérite de montrer qu'évidemment Michel Houellebecq n'est pas le génie spontané nourri à la Bibliothèque Verte qu'il disait être à ses débuts. «Il adore se faire passer pour un con», explique Laure Adler. Mais, dans ce Permis de penser, il ne fait pas trop le malin et se révèle plutôt cap