En langue quechua, Takiwasi signifie «la maison qui chante». Située non loin de Tarapoto au Pérou, aux abords de la forêt amazonienne, Takiwasi est un centre de désintoxication aux pratiques inhabituelles basées sur un savoir ancestral. Fondé en 1992 par un médecin français, Jacques Mabit, c'est aussi un centre de recherche sur la médecine traditionnelle.
Ici toutefois, la chanson a un goût amer. L'écho de spasmes vomitifs se conjugue aux bruissements de la forêt et aux chants des guérisseurs. Car l'approche médicale passe par une purification du corps grâce à une purge physique et psychique, l'un n'allant pas sans l'autre. L'acte n'a rien de ludique, le geste est violent, aux dires des praticiens. Mais un autre rite, visionnaire celui-là, attend les toxicos sur le chemin de la délivrance.
Selon le docteur Mabit, les drogués n'ayant pas trouvé de réponses à leurs angoisses existentielles ont une impulsion légitime de guérison, laquelle, à défaut de trouver un espace adéquat dans la société contemporaine, se traduit par une sorte d'auto-initiation sauvage avec les copains, pour aller voir au-delà des apparences, trouver des perspectives et donner une amplitude à leur existence. Evidemment, l'issue tourne souvent à la catastrophe. A Takiwasi, la thérapie consiste à «reprendre cette initiation tronquée en proposant une véritable initiation qui suppose de descendre en soi-même, de voir ses propres enfers intérieurs, pour s'en libérer et accéder à un univers porteur de sens». L'aya