Menu
Libération
Critique

Comme une image.

Article réservé aux abonnés
publié le 18 octobre 2005 à 4h08

Il est possible que le beauf caricatural joué par Jean-Pierre Bacri entraîne le film sur de fausses pistes. C'est un écrivain reconnu, arrogant, râleur et indifférent aux autres, un type odieux à qui Bacri prête son teint jaune hépatique et son air dégoûté. Comme une image peut facilement être accusé de flirter avec l'anti-intellectualisme, donc avec le poujadisme. Sans doute Agnès Jaoui fait-elle en réalité le portrait, en se tirant volontairement une balle dans le pied, d'un certain milieu, disons la bourgeoisie de gauche parisienne ayant pignon sur rue, ayant légèrement oublié d'assumer ouvertement ses intérêts de classe, ayant un besoin maladif d'être toujours du bon côté du manche, celui de la réussite et celui de la vertu, ce qui est assez acrobatique, forcément. La position in/out revendiquée par Agnès Jaoui rend les choses compliquées, et il y a une certaine naïveté à croire qu'il est possible d'occuper une position de lucidité sur son propre biotope et d'en faire un film où l'on ne se contente pas de dire je, où le typage sociologique demeure omniprésent.

Il y a dans l'affaire un deuxième écrivain (Laurent Grevill), moins pénible que le premier mais pas sympathique non plus. Ce qui caractérise les bonshommes dans le film, c'est leur vanité immature, leur manque phénoménal de générosité, leurs habitudes de tyranneau domestique. La véritable cible de Jaoui, ce sont les hommes, ce qui rend son film plus personnel, plus intéressant, plus simple aussi. On reprend pied ave