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Libération
Critique

Gangster glamour et gay.

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publié le 22 octobre 2005 à 4h11

Bénies soient les swinging sixties et l'East of London qui inventèrent le cocktail crime-glamour. Dans les clubs tenus par des gangsters se succédèrent mods, hippies, skinheads. Drogue, corruption et prostitution rimaient avec libération des moeurs, teufs et contre-culture. Les liens entre show-biz, mafia et classe politique étaient tissés plus serrés que d'habitude, les uns s'encanaillant, les autres jetant sur leur statut de bad guy un peu de chic branché et de respectabilité. Que faire quand on est juif, homosexuel, qu'on a les tripes bien accrochées et des besoins d'esthète ? Harry Starks (intéressant Mark Strong) est le nouveau prototype de méchant évolutif proposé par la télé, dans une série en quatre épisodes produite par BBC 2. Tirée du roman de Jake Arnott, qui s'inspire des frères Kray, jumeaux séduisants et redoutables ayant écrit une bonne tranche de la légende locale, la série livre le portrait d'un gangster comme on n'en fait plus, sous le signe d'une nostalgie à couper au couteau mais également d'une âpreté réaliste qu'on ne trouve que dans le polar anglais.

Le réalisme des conversations, le brossage psychologique s'insèrent sans difficulté dans la reconstitution d'époque et les codes du thriller. Sur les traces des Affranchis et des Sopranos, The Long Firm tente de sauver le blason mythologique des héros du film noir, ce qui passe par une démystification partielle, entre «ils sont faibles, ils sont proches de nous» et «ils sont quand même spéciaux, ils nous fa