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Libération
Critique

Mademoiselle Else

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Arte, 0 h 05.
publié le 28 octobre 2005 à 4h17

Hou, l'horrible petite fille riche. Que je te joue du piano devant les invités, que je te rejette la tête en arrière, que je te me jette au cou du cher papa qui veut bien qu'elle aille à Saint-Moritz avec son cousin Paul, que je te me précipite en cuisine pour se faire cajoler par les domestiques, aussi. Il y en a qu'on aimerait voir ruinées. Pas de souci, Arthur Schnitzler (que Kubrick pirata pour Eyes Wide Shut) s'en occupe, par l'intermédiaire de Paul Czinner, assisté de deux pointures du cinéma muet allemand, Carl Meyer au scénario et Karl Freund à la caméra ; ainsi que de sa femme, Elisabeth Bergner, dont le jeu naturaliste correspondait aux exigences du Kammerspielfilm, genre intimiste pratiquant l'analyse psy et l'exploration des huis clos chez les gens pas spécialement héroïques. Comme ici, où l'effondrement paternel et l'affolement maternel à l'annonce d'un crash boursier donnent lieu à d'interminables scènes d'alcôve désolées. Le film souffre de dilution temporelle (qui n'est pas loin d'être le signe distinctif des films muets quand ils sont ratés), comme si on devait, pour y croire, assister à chaque ouverture/fermeture de porte. Czinner n'étant ni Murnau (dont le Dernier des hommes marqua l'apogée du genre) ni Lubitsch, tout cela s'embourbe quelque peu, jusqu'à ce que la mademoiselle Else soit brutalement sommée de quitter l'enfance pour gagner l'arène de la bassesse adulte. Ayant appris qu'au Carlton de Saint-Moritz se trouvait un riche marchand d'art, sa mère,