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Libération
Critique

La vie échangiste

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publié le 29 octobre 2005 à 4h18

C'est l'ancêtre le plus direct et le plus évident de la série américaine Desperate Housewives qui passe depuis la rentrée sur Canal +. Le contraire eût été renversant, Mankiewicz accordait assez peu d'intérêt aux tâches ménagères de ses héroïnes. D'ailleurs, elles ont toutes du personnel, comme on disait, là n'est donc pas la question dans le film. Les enfants sont plus que discrets, car toujours inopportuns dans les affaires de couple traitées et fantasmées par le cinéma (ce qui est une erreur, car ils sont déterminants). Mais, pour le reste, c'est bien ça : trois voisines d'une petite ville de province et leurs histoires de maris, leurs bavardages, leurs bonnes oeuvres, leur horizon limité, satire et humour à tous les étages. Au seuil d'un pique-nique sur l'eau avec l'orphelinat du coin, on leur remet une lettre les informant que leur vieille copine et super rivale Addie Ross, pour qui tous les hommes ont un faible tellement elle est canon, se tire du bled avec un de leurs époux, sans préciser lequel. Elles ont donc toute la journée, bloquées sur ce satané bateau, pour gamberger (il n'y avait pas les portables à l'époque). Qui est parti, laquelle est plaquée ?

Mankiewicz, qui aime les flash-backs, remonte le fil de la rupture possible à raison d'un ensemble narratif par couple. Comme dans Desperate Housewives, l'une des protagonistes se matérialise exclusivement par le biais d'une voix off qui assure la narration. Ici, c'est la fameuse Addie Ross, trou noir de la séduction