Odile a une cinquantaine d'années. Odile est de bonne humeur. Aujourd'hui nous suivons Odile sur le pavé de Prague. Elle est accompagnée de Florent, l'un de ses deux garçons (1).
«C'est superbe Florent, c'est superbe !», dit Odile. D'un geste élégant de la main elle embrasse la façade rayonnante de la cathédrale Saint-Guy. «Vraiment, le gothique, c'est ce qu'il y a de plus impressionnant», murmure le garçon en regardant ailleurs. Il est grand, il est las, il est un peu mou, il laisse son regard aller. Autour d'eux, des touristes par dizaines. Dans une salle au vieux parquet de chêne, Florent tente une échappée. «Florent ! Florent ! Te sépare pas, ça va être affreux, après.» Le fils regarde sa mère. «Quoi ?» «Te sépare pas maintenant.» «Mais si ! J'ai envie de voir ce que je que je veux voir», dit-il en lui tournant le dos. «Je te retrouverai pas, Florent !»
Il est dans la rue, il tourne au coin. Odile court, le rattrape, marche à ses côtés. «Il va se vexer, le guide. Il faut pas aller trop vite, hein ?» «Oui, oui mais attends ! Je veux pas rester comme ça, moi ! Attends ! T'imagines si à 16 ans on te faisait marcher avec des vieux qui ont une canne et tout ? C'est vraiment horrible !» «Mais c'est du racisme !», lui dit sa mère. «Mais c'est horrible, maman ! C'est horrible !» Il est mains dans les poches. Elle photographie les façades. «C'est horrible ! Imagine-toi un peu», continue Florent. Face à eux, sur le trottoir, un groupe de musiciens. Un accordéon, un flûtiste, une con