On attend Dylan. Il n'arrive pas, il n'arrive jamais. Avec son très médiatisé No Direction Home, cut-up à la gloire du maître en forme de road-movie interminable (trois heures et demie, seul le fan absolu s'y risquerait), Martin Scorsese rate lui aussi le rendez-vous. I'm Not There (I'm Gone), chante Dylan dans un inédit des Basement Tapes, une merveille qu'on ne trouve qu'en pirate (dylanblues.espanet.com). Je ne suis pas là, je suis ailleurs, je suis parti. S'il n'est pas là, comment l'attraper ? Il y a eu plusieurs films sur Dylan, à commencer par Don't Look Back de Pennebaker, sur la tournée anglaise de 1965 : Dylan est attendu comme le messie rock, il initie Lennon et Jagger aux amphétamines, à la cocaïne, à l'héroïne. Difficile à croire, mais ces deux-là savaient à peine fumer un joint. Egotisme, autisme, beauté fauve, le jeune Dylan crevait l'écran. Maigre et malade, usé par la vie, il crève encore l'écran, mais d'une autre manière, plus sentimentale. Le seul intérêt de No Direction Home (quelques mots de Like A Rolling Stone qui signifient «où est le chemin de la maison ?»), ce sont les confessions de Dylan, filmées par Jeff Rosen, son businessman, son âme damnée, celui qui veille sur les archives. Il a livré à Scorsese des heures de confessions-caméra, couleur bleu nuit, qui servent de fil rouge à tout le reste (concerts, chansons), en noir et blanc. Surfant sur le succès du premier volume de ses Chroniques, Dylan étonne par une franchise très élaborée, très mise en
Critique
Dylan l'intouchable
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par Louis Skorecki
publié le 9 novembre 2005 à 4h28
(mis à jour le 9 novembre 2005 à 4h28)
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