Londres correspondance
«La BBC ferme ici pour ouvrir là, c'est comme vendre sa jambe pour s'offrir un nouveau costume», commente, amère, une productrice radio de la BBC World Service. Pour financer son projet de chaîne de télé en langue arabe d'ici à 2007, la corporation a décidé de fermer dix de ses départements de langues étrangères. En mars 2006, la voix de la BBC ne résonnera plus en polonais, tchèque, hongrois, bulgare, croate, slovène, slovaque, kazakh, grec et thaïlandais. La fin d'une époque. Celle de la Seconde Guerre mondiale quand les gouvernements des pays occupés par l'Allemagne nazie avaient trouvé refuge à Londres d'où ils émettaient leurs messages de résistance. Celle aussi de l'après-guerre, quand ces services offraient pour beaucoup d'habitants d'Europe centrale une voix indépendante dans des pays dominés par l'information d'Etat. BBC World Service (financée par le ministère des Affaires étrangères), écoutée par 150 millions d'auditeurs, n'émettra plus qu'en trente-deux langues.
Les syndicats de journalistes dénoncent le licenciement de 218 personnes pour financer les 360 millions d'euros que va coûter la nouvelle chaîne. Nigel Chapman, directeur du service international de la BBC, préfère parler d'une chance historique pour la BBC au Moyen-Orient face à Al-Jezira mais aussi Al-Arabiya et Al-Hurra financée par les Etats-Unis. «Cela fait soixante ans que la BBC émet en langue arabe dans cette partie du monde où elle jouit d'une réputation de fiabilité. Nous vo