Paul Aussaresses est entouré d'amis. Des hommes, d'anciens soldats qui chantent pour fêter ses 86 ans. Il bouge à peine les lèvres, il écoute en souriant pâle. En 2002, dans un livre de mémoires sur la guerre d'Algérie, le général français admettait avoir torturé des prisonniers pour les faire parler. A l'inverse du remords ou de la confession, ses écrits légitimaient l'idée de la torture et en justifiaient la pratique. Poursuivi pour apologie de crimes de guerre, condamné à une peine d'amende, Aussaresses se voyait aussi déchu de la Légion d'honneur par décret présidentiel. Aujourd'hui, face à une caméra de la BBC, s'exprimant tantôt en français tantôt en anglais, le général Aussaresses réitère ses propos (1).
«Comme on dit, je n'ai jamais torturé personne parce que je voulais le punir. J'ai sauvé, en interrogeant des gens, même avec brutalité, même jusqu'à la mort, eh bien j'ai sauvé un nombre considérable de vies humaines. Un nombre considérable, voilà. Le gouvernement français m'avait dit : "Il faut détruire à tout prix l'organisation qui pose des bombes. Ça veut dire à tout prix." Qu'est-ce que ça veut dire, à tout prix ? Je savais qu'en utilisant les mêmes méthodes que les nazis, j'arriverais à un résultat.» A l'écran, un téléphone de campagne. «En Algérie, les militaires français pratiquaient surtout la torture physique, nous dit le commentaire. Ils mirent au point le supplice du téléphone, consistant à relier les fils électriques d'un téléphone à différentes parties d