A droite, Jennifer Glasse. A gauche, François Gèze. Jennifer Glasse est grand reporter. Ancienne correspondante en Afrique, elle a notamment couvert le Soudan, le Rwanda, l'Irak ou la guerre des Balkans. François Gèze est directeur des éditions La Découverte. Ancien du Centre d'études anti-impérialistes, écrivain engagé, il est l'un des signataires de la pétition «Indigènes de la République», qui estime que la France conduit à l'égard des citoyens issus de l'immigration une politique de type colonial. Nous sommes place de la République, à Paris. La journaliste américaine interroge en anglais l'éditeur français. Son analyse, consacrée à l'embrasement des banlieues, est ici destinée aux téléspectateurs britanniques (1).
«Je suis rejointe par François Gèze, éditeur, qui a publié un grand nombre de livres sur la question sociale en France, explique Jennifer Glasse. Pouvez-vous nous dire ce qu'il y a derrière cette violence ?» «Je pense que quelques mots peuvent caractériser cette situation : discrimination sociale, mépris, désespoir, répond Gèze. Cette situation est une situation ancienne. Depuis des dizaines d'années, tous ces quartiers, tous ces ghettos sont en dehors de la République. Les gens qui vivent là n'ont aucune possibilité d'évoluer, d'accéder au travail, par exemple. Nous assistons donc à une révolte assez normale et je pense que nos politiques publiques sont responsables de cette situation.» «Le Conseil des ministres parle de couvre-feu, mais que devrait faire le go