Où en est-on avec le colonialisme ? Plus de quarante ans après le démantèlement des dernières colonies françaises, peut-on sereinement poser la question, se risquer à une analyse critique de ce passé ? Même pour l'historien, la tâche s'avère délicate. L'actualité appelle à la prudence, qu'on en juge à l'aune des affaires judiciaires, de la récente loi du 23 février imposant que «les programmes scolaires reconnaissent le rôle positif» de la colonisation, des virulentes manifestations des «Indigènes de la République» ou du dogmatisme forcené d'ultras, dans le sillage de Dieudonné, prompts à surfer sur la mauvaise conscience occidentale.
Elites. Longtemps refoulé, ce passé ressurgit aujourd'hui, hanté par des sujets non moins sensibles que sont l'immigration, le racisme, la xénophobie, les discriminations, opérant un glissement ou une possible comparaison, au nom d'un héritage victimaire, entre fracture coloniale et fracture sociale. Sujet éminemment complexe, donc, mais incontournable, pour que puisse s'élaborer enfin une mémoire collectivement partagée. Pendant une semaine entière, France Culture mobilise largement son antenne pour ausculter les différents points de vue. A commencer par celui des anciennes élites, ces générations d'administrateurs formés à l'Ecole coloniale, créée en 1895 à Paris, devenue en 1934 l'Ecole nationale de la France d'outre-mer (la Colo). Rediffusé aujourd'hui et demain (de 10 heures à 11 heures) dans la Nouvelle Fabrique de l'Histoire, le documenta