Pour le commun des mortels, l'histoire des conflits balkaniques est à peu près aussi compréhensible que les lois de la physique quantique. Concevoir une saga grand public sur le sujet relevait donc de la mission impossible. A fortiori quand les auteurs n'ont pas choisi comme point d'ancrage la Yougoslavie de l'après-1945 (habituellement au coeur des téléfilms sur les Balkans et donc un peu plus familière), mais la terra incognita de la région des lacs (une zone aujourd'hui partagée entre l'Albanie, la Macédoine, la Bulgarie et la Grèce) entre 1892 et 1949. A fortiori (bis), quand la fiction n'adopte pas le point de vue des vainqueurs, mais prend comme personnage principal un vaincu : un bey (seigneur musulman), témoin et acteur malgré lui de l'éclatement de l'Empire ottoman après la Première Guerre mondiale. Le scénariste Michel Leviant et son producteur Pascal Bensoussan se tirent pourtant avec les honneurs de ce projet casse-cou.
Foisonnant. Le Dernier Seigneur des Balkans s'inspire du livre homonyme de l'écrivain turc Necati Cumali (éd. l'Esprit des Péninsules). Un roman foisonnant, riche en péripéties mais qui avait le «défaut» de s'arrêter en 1919 avec la mort de son héros. Leviant et Bensoussan lui ont accordé trois décennies de répit, pour lui faire vivre la mainmise de l'Italie fasciste sur l'Albanie, les maquis de la guerre 39-45, l'arrivée des communistes au pouvoir en Albanie et la guerre civile en Grèce. Au fil de ses (més) aventures, Zülfikâr croisera donc la rou