Vincent Bolloré vient de réussir un joli coup industriel et financier. Un de plus. L'homme d'affaires, patron de Havas, a réussi à écarter les deux prétendants au rachat d'Aegis, un groupe britannique d'études de marché et d'achat d'espace.

Pour comprendre l'importance de cette opération, il faut revenir quelques mois en arrière. En juillet dernier, après avoir racheté un peu plus de 20 % de Havas, second groupe de publicité français, Vincent Bolloré en devient le président. Havas est un beau groupe, mais il sort tout juste d'une grave crise financière. L'une de ses faiblesses : sa filiale d'achat d'espace, MPG, est d'une taille insuffisante.

Pour renforcer Havas, Bolloré pourrait nouer une alliance avec Aegis. Mais voilà, le groupe britannique est très courtisé. Outre Bolloré, il intéresse le français Publicis, numéro 4 mondial de la pub, et le Britannique WPP, numéro 2 mondial. Tout l'automne, le petit monde de la pub et de la finance se passionne pour cette affaire : qui va racheter Aegis, et à quel prix ?

Après plusieurs semaines de suspense, de rumeurs et de contre-rumeurs, Publicis est le premier à se retirer de la course, fin octobre. Son patron, Maurice Lévy, n'a pas envie de se lancer dans une surenchère, et d'acheter Aegis à un tarif prohibitif. Surtout que Bolloré montre beaucoup de détermination. Jour après jour, il achète en bourse des parts d'Aegis, devenant très vite incontournable.

Hier, WPP jette l'éponge à son tour. Et voilà Bolloré seul maître à bord d'Aegis,