Dans la cour d'une vieille usine, des hommes poussent des bidons d'acide sulfurique. Les mains crispées sur les grilles, des femmes fixent la caméra. Leurs visages creusés disent la colère, la peur. Les premières images du très nécessaire film de Maurice Failevic sont claires. Ces hommes et ces femmes n'ont rien à perdre. Ils iront jusqu'au bout. L'histoire s'inspire du conflit de l'usine Cellatex. Eté 2000, la France s'endort, le gouvernement de gauche aussi. Début juillet, les 153 salariés de cette usine de textile de Givet (Ardennes) découvrent que leur patron a filé et que leur usine est mise en liquidation judiciaire. Les patrons adorent l'été, saison propice aux coups bas. Depuis des années, les salariés ont accepté de se serrer la ceinture, cru aux discours des directions successives. Et puis voilà, ils se sont fait rouler dans la farine par un patron qui a filé sans payer les salaires en emportant le carnet de commandes, les laissant sur le carreau, sans un sou. Le 5 juillet, ils occupent leur usine où sont stockées quarante-six tonnes de sulfure de carbone et 50 000 litres d'acide sulfurique. Si les autorités n'ouvrent pas des négociations, ils feront sauter le quartier. En quelques heures, le conflit Cellatex inaugure une forme extrême de lutte.
S'ouvrent alors de lourdes journées que déroule parfaitement le film. À l'écran, le village s'appelle Cravennes, l'usine, Chimotex, mais on retrouve les protagonistes de l'affaire : Robert Vasseur-Roger Depierre, l'ancien, l