Démarche lourde, blazer marine, talkie-walkie en main, cigarette vissée aux lèvres : pendant quatre-vingt-dix minutes, dans le rôle du commissaire Louis Routier, Tchéky Karyo est la figure centrale du téléfilm produit par Capa pour Canal +, et consacré au démantèlement, à partir de 1981, du Service d'action civique (SAC). Dans la lignée de 93, Rue Lauriston (sur la collaboration) et de Nuit noire (sur les événements d'octobre 1961), la chaîne cryptée continue d'explorer les moments sombres de l'histoire française. Avec le SAC, il y a de quoi faire. Fondée en 1959 dans le but d'apporter un «soutien inconditionnel à la poursuite des objectifs définis par le Général», cette officine devint, au fil des années, une nébuleuse mêlant malfrats, policiers, hommes politiques (Jacques Foccart, le «monsieur Afrique» de De Gaulle) et futurs élus (Charles Pasqua).
Le téléfilm commence à quelques jours du 10 mai 1981 ; François Mitterrand n'est pas encore président, et les membres du SAC de Marseille, réunis avec leurs patrons de Paris, se déchirent autour du très contesté chef local, le policier Jacques Massié. L'heure est grave. Les membres de l'officine droitière font alors campagne contre Giscard, avec le raisonnement suivant, d'une piètre lucidité : si les socialo-communistes gagnent, ce sera le chaos et les gaullistes reviendront vite au pouvoir... Mais les luttes internes l'emportent : en juillet 1981, Massié et cinq membres de sa famille, dont son fils de 8 ans, sont assassinés dans