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Libération

La dictée.

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publié le 29 novembre 2005 à 4h42

Pour ses adieux aux Dicos d'or ­ après vingt ans de dictée ­, Bernard Pivot avait préparé un texte où se mêlaient tmèses, hypallages, asseaux et apocopes. Nous sommes en direct. C'est l'heure de remettre le trophée au vainqueur de la catégorie seniors professionnels. Le gagnant vient de Dijon, Côte-d'Or. Agrégé de lettres classiques, professeur de français pour lycéens de 3e, ce candidat de 36 ans est un habituel primé des concours d'orthographe. Il s'appelle Karim Andréys-Kéroui (1).

«Le premier test... Alors, le premier test, je vais vous le lire. Vous verrez, c'est terrible !» nous dit Bernard Pivot. Il est debout derrière un bureau du Collège de France. Il frétille, ses notes en mains, regarde le public comme s'il lui jouait un tour. «Il y a eu trois tests pour les départager. Je vais vous en lire un, comme ça, vous allez comprendre ce que c'est. C'est l'horreur ! L'horreur !» Il pose les yeux sur ses feuilles. Il lit. «Une dinannaise et un chinonais, férus d'activités rétros, s'étaient rencontrés dans un sit-in et ne s'étaient plus quittés. Aujourd'hui, ils mangent des kumquats et des raisinets, se mitonnent aussi des koulibiacs. Ils dansent ensemble la rédowa. Ils tracent des patrons dans la singalette et réalisent des smocks sur du surah. Mais surtout ils collectionnent les vieilles monnaies : des guldens, des thalers, des rixdales, des besants ou des sapèques.» Pivot relève la tête. «Alors, mesdames, messieurs, je vous demande vraiment de faire un accueil étonnant à c