Elles sont belles et douces mais sacrément meurtries. Arielle, Michèle et Christine ont connu la violence conjugale. Chacune raconte son histoire, si particulière et si universellement commune, avec des mots d'une extrême pudeur. Leurs visages sont face à la caméra, incapables d'y échapper. Si proches qu'on voit des rideaux de tristesse passer dans leurs yeux quand elles vont chercher au coeur de leur chair la mémoire des coups et des humiliations, la honte de n'avoir rien vu venir et d'avoir cru que cela changerait...
Ces trois femmes témoignent comme elles peuvent de la violence de leur ex-conjoint. Sans fioriture, la plupart du temps avec une clope au bec pour conjurer le stress, elles nous convient plan par plan dans le décryptage de ce qui leur est arrivé. Un processus banal et identique pour toutes : l'isolement social (la plupart quittent leur job très vite), la séquestration mentale, les humiliations et les bleus puis la solitude et la honte. A l'une, son mec explique qu'elle est une merde, l'autre se fait tabasser en conduisant pendant qu'un bébé dort à l'arrière de la voiture, la troisième est violée et rabaissée plus bas que terre. Le réalisateur demande timidement : comment peut-on tenir des années ainsi ? «On est tellement isolées qu'on pense que la normalité, c'est ce qu'on vit», explique Christine. Elles ont aimé, ça oui. Tout donné, tout accepté aussi, jusqu'au trop. Dans un ultime réflexe de vie, les trois sont parties. La fuite plutôt que le meurtre.
Avant d'