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Libération

Les rats.

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publié le 1er décembre 2005 à 4h45

Nous sommes en 1981. Le 17 juillet à Auriol, près de Marseille, Jacques Massié et cinq membres de sa famille ont été assassinés par un commando. Massié appartenait au SAC, le Service d'action civique, police parallèle gaulliste destinée à lutter contre le communisme. Lui et les siens ont été exécutés par d'autres membres du SAC. Soupçonné de trahison, le militant détenait des documents compromettant l'organisation clandestine. Infiltré dans la police pour le compte du SAC, devenu commissaire divisionnaire grâce à lui, Louis Routier est soupçonné d'avoir joué un rôle dans la tuerie. Depuis deux mois, socialistes et communistes sont au pouvoir. Routier sent la nasse se refermer. Désemparé, en quête de soutien, il rend visite à un sénateur gaulliste du département (1).

Le jardin est superbe, de fleurs et de verdure. Le sénateur Morel reçoit assis. Routier est blême. «Ces documents qu'était censé détenir Massié, ils sont vraiment compromettants ?» «Vous plaisantez ou quoi ? Les élections ne se gagnent pas à coups de bons sentiments. C'est pas à vous que je vais l'apprendre, monsieur le sénateur», s'emporte Routier. «Chacun son travail, monsieur le divisionnaire. Je pensais que vous teniez la ville. C'est pour cette raison que Paris vous avait mis là, je crois ?» «Les temps ont changé, vous vous rappelez ?» Le sénateur se sert une boisson fraîche. «En pratique, la dernière des maladresses serait de se soustraire à l'enquête.» «C'est pas vous qui êtes sur la sellette !» «Déférez au