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Libération
Critique

La liberté de croire ou ne pas croire

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publié le 3 décembre 2005 à 4h47

Jour pour jour, la France célèbre donc le centenaire du vote de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat et la promulgation du pacte fondateur qu'un certain Nicolas Sarkozy voudrait actuellement remettre en cause tout en prétendant l'adapter. Jaurès eut bien raison de dire que cette exception française, garantie de libération mutuelle, fut «la plus grande réforme qui ait été tentée dans notre pays depuis la Révolution». Jaurès a les traits de Jean-Claude Drouot, imposant et saisissant barbu dans le film de François Hanss, oeuvre parfaite d'instruction civique et sidérante démonstration de ce que sut être le pouvoir parlementaire en un temps où la véhémence n'excluait pas la probité.

Confier à des comédiens les rôles des tribuns d'alors s'empoignant et cherchant à convaincre dans l'hémicycle même de l'Assemblée nationale relevait de la gageure : or c'est ici gagné. Condensant fidèlement, sans les distordre, les quarante-huit longues séances de débats abolissant le Concordat napoléonien, le scénariste Bruno Fulligny a insufflé un rythme, et il a transformé la verve et le verbe, les gestes et les regards des députés d'alors en ressorts d'une théâtrale dramaturgie. Il faut voir l'acteur Michael Lonsdale se transformer en un Paul Doumer attentif, s'employant à calmer les éventuelles violences depuis son perchoir, tandis que dans les rangs un Pierre Santini en libre-penseur radical fustige les propos d'un abbé Gayraud qu'interprète Claude Rich, se faisant onctueux jusqu'à la l